20 avr. 2008
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Le Lion est Mort
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Aimé Césaire, était la voix la plus rugissante, la plus désinvolte et la plus pérenne de ce séisme que fut la Négritude et qui nous a délivrés du poids de plusieurs siècles d’infériorité décrétée par ceux qui auraient inventé les civilisations, jugeant au passage que le Nègre n’avait, lui, rien inventé, même pas le fil à couper le beurre ! Or il y a le Remords qu’éprouvent désormais ces inventeurs de civilisations. Et ce Remords est un tribunal impitoyable :
« mais est-ce qu’on tue le Remords, beau comme la face de stupeur d’une dame anglaise qui trouverait dans sa soupière un crâne de Hottentot ? » Extrait de « La Poésie »
Aimé Césaire contemple le siècle, jette un regard de dépit sur le délitement de la société, la méconnaissance de l’histoire des peuples et la perte des valeurs pour lesquelles il a consacré son existence et son œuvre. L’Afrique, gouvernée souvent par des dictateurs, est empêtrée dans des guerres civiles. Le reniement des origines est à la mode. Lui Césaire, lui le lion est là, même lorsque quelques auteurs prompts au zèle tentent de lui assener le coup de pied de l’âne. Un lion est un lion... Sa négritude n’est inaudible que pour ceux qui prêchent l’obscurantisme ou pour les hommes de couleur qui en revendiquent obstinément l’exclusivité et dénaturent ainsi la portée globale d’une œuvre qui devrait parler à tout être épris de liberté et d’indépendance. Ceux-là n’auront donc jamais mesuré la dimension universelle du rugissement de Césaire. Ils n’auront entendu de sa parole que leurs propres obsessions. Qui en effet, après la lecture du Cahier d’un retour au pays natal ou du Discours sur le colonialisme pourrait prétendre demeurer le même homme, gonflé de ses préjugés, de sa suffisance, de sa cécité et de sa bonne conscience ? Certes la France est actuellement traversée par la question de la colonisation et l’angle sous lequel la traiter. Césaire répondait déjà à la question dès 1955 dans son Discours sur le colonialisme : « Où veux-je en venir ? A cette idée : que nul ne colonise innocemment, que nul non plus ne colonise impunément ; qu’une nation qui colonise, qu’une civilisation qui justifie la colonisation - donc la force - est déjà une civilisation malade, une civilisation moralement atteinte qui, irrésistiblement, de conséquence en conséquence, de reniement en reniement, appelle son Hitler, je veux dire son châtiment. » Comme quoi, il suffit de lire (ou relire) Césaire ! |
posted by Fawzi. Benabdallah
dimanche, avril 20, 2008
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