e déblocage de 1,25 milliard d'euros pour l'urbanisation des bidonvilles de l'Etat de Rio de Janeiro a été salué, mardi 3 juillet, par les organisations non gouvernementales en contact avec la population locale. Le financement, destiné à l'ouverture de routes goudronnées et de réseaux d'égouts, la construction de crèches, de logements et d'équipements urbains, a été annoncé, lundi, par le président Luiz Inacio Lula da Silva (Parti des travailleurs, PT, gauche) et le gouverneur Sergio Cabral (Parti du mouvement démocratique brésilien, PMDB, centre). "C'est une annonce très positive, car Rio a besoin d'investissement social pour contrecarrer l'emprise des trafiquants de drogue", confie Silvia Ramos, responsable du Centre d'études sur la sécurité publique et la citoyenneté, à l'université privée Candido-Mendes. "Au Complexo do Alemao, nous formons des dirigeants communautaires, explique-t-elle. Jusqu'à présent, la politique de sécurité publique s'est limitée à des opérations de police musclées, peu efficaces en termes de confiscation d'armes et très coûteuses en vies humaines." Depuis deux mois, les incursions des forces de l'ordre ont ainsi provoqué la mort d'une cinquantaine de personnes. Les autorités de l'Etat de Rio ont mobilisé jusqu'à 1 250 membres de la police militaire (gendarmerie), soutenus par 250 éléments de la nouvelle force de sécurité fédérale, un corps d'élite. Fin juin, une opération de police dans l'ensemble des favelas (bidonvilles) du Complexo do Alemao, bastion du gang Comando Vermelho (commando rouge), a provoqué la mort de 19 personnes. Selon le président de la commission des droits de l'homme de l'Assemblée de Rio, le député Alessandro Molon (PT), les registres de l'Institut de médecine légale indiquent que trois d'entre eux ont été tués d'une balle dans la nuque et que cinq autres l'ont été à une très courte distance. Human Rights Watch (HRW) et d'autres ONG ont demandé l'ouverture d'une enquête. Silvia Ramos ne croit pas que des innocents aient été tués au cours de l'opération, mais juge plausibles les exécutions sommaires. " La police fait des incursions ponctuelles, mais ne contrôle pas le terrain, estime-t-elle. Une ambulance ne peut pas y entrer faute d'accès asphalté. Il est question de construire un funiculaire comme celui qui a relié les bidonvilles des hauteurs de Medellin (en Colombie) à la ville." Le maire de Rio, Cesar Maia (droite), s'inspire de l'expérience de la Colombie face au fléau du narcotrafic. "La police de Rio n'est pas équipée, n'est pas motivée et sa conduite n'est pas irréprochable, a-t-il déclaré. La reconstruction de la police est nécessaire." UN PACTE TACITE Le nouveau secrétaire à la sécurité de l'Etat de Rio, José Mariano Beltrame, un ex-officier de la police fédérale originaire du Rio Grande do Sul, a suscité un scandale en suggérant que la police et les trafiquants étaient liés auparavant par un pacte tacite de non-agression. Les précédents gouverneurs, Rosinha Matheus et son époux Anthony Garotinho (PMDB), deux populistes évangéliques, avaient de mauvais rapports avec le gouvernement fédéral, ce qui a contribué à aggraver l'insécurité à Rio. En revanche, l'actuel gouverneur, Sergio Cabral, est un allié de Brasilia. "Nous voulons concurrencer le crime organisé en améliorant les conditions de vie des pauvres, a déclaré le président Lula. La majorité des habitants des favelas sont des gens honnêtes, des travailleurs." Rio de Janeiro doit accueillir, du 13 au 29 juillet, 14 000 athlètes des Jeux panaméricains. Pour éviter des incidents, 18 000 agents de police seront déployés, dont 6 000 de la force fédérale. Paulo A. Paranagua |