8 déc. 2008
|
la relance selon Sarko
|
La présentation du plan de relance de l’économie par le Président de la République laisse une impression paradoxale. On a entendu une série de mesures qui paraissent presque toutes utiles, importantes, nécessaires, et pourtant on ressent l’impression confuse que cela ne suffira pas et qu’il manque quelque chose. Il me semble que ce ne sont ni le côté "catalogue" des aides, ni des volumes financiers insuffisants, ni encore l’absence de mesure phare qui posent problème, mais plutôt la nature hétéroclite de ce plan et son manque de direction politique claire et assumée
Ainsi, à l’occasion des mesures destinées au logement (doublement du prêt à taux zéro dans le neuf, construction de nouveaux logements), l’aspect environnemental est complètement passé sous silence, alors qu’il s’agit à la fois d’un des principaux gisements de réduction des émissions et d’un formidable champ de nouvelles opportunités d’activités, de services et d’innovation pour les entreprises. Pour l’automobile, la dimension "propre" exigée des véhicules pour bénéficier de la prime à la casse semble bien peu contraignante. Face aux 160 g de CO2/km annoncés par le Président, rappelons qu’en 2000 l’Union Européenne avait fixé à 120g/km l’objectif d’émission des véhicules neufs à atteindre en 2005 (au plus tard en 2010)! Et que dans son suivi de cette mesure, la Commission évaluait que les constructeurs européens avaient, dans le cadre d’une démarche volontaire, atteint ce niveau de 160g/km en 2004! Première contradiction et occasion ratée. Reste, bien sûr, l’effort d’investissement supplémentaire annoncé dans les infrastructures. Au passage, on se demandera pourquoi il faut toujours attendre une période de crise pour lancer des investissements jugés maintenant par tous comme utiles et nécessaires. Mais au-delà, la stratégie d’investissement ne peut être considérée comme une réponse immédiate à l’urgence de la crise. L’effet de ces mesures va prendre du temps -plusieurs années- et elles paraissent abstraites aux yeux de beaucoup de monde. Or aujourd’hui règne un climat de méfiance, d’inquiétude, d’incertitude sur l’avenir, à la fois chez les consommateurs et les chefs d’entreprise. Des annonces d’investissement ne peuvent prétendre créer à elles seules un choc de confiance et favoriser le retour à une vision plus positive de l’avenir. On ne décrète pas l’investissement privé en facilitant son financement; il faut bien aussi que les entreprises décident d’investir effectivement. Or les dirigeants ne lanceront pas de nouveaux projets tant que leur appréciation de la situation, soit personnelle soit du marché et des comportements à venir des consommateurs, reste négative. C’est pour cette raison que la distribution générale d’un chèque exceptionnel aux ménages (par exemple de 600 euros pour la moitié au-dessous du salaire médian et 300 euros pour l’autre moitié) aurait été une mesure intéressante. Immédiate, visiblement temporaire, et propre à la fois à stimuler la consommation mais aussi -et c’est sans doute le plus important- à rétablir un climat plus confiant. Alors bien sûr, aider l’effort de recherche et développement par le crédit d’impôt recherche, améliorer la trésorerie des entreprises, construire de nouvelles infrastructures, tout cela est souhaitable et utile. Mais en l’absence de mesure directement tournée vers les ménages et les individus (salarié, consommateur, emprunteur…), le plan restera difficilement lisible et compréhensible par tous. |
posted by Fawzi. Benabdallah
lundi, décembre 08, 2008
|
|
|
|
|
|
|
derniers
commentaires |
mesarchives |
mesliens |
|