Nicolas Sarkozy ne cesse de clamer que son action au ministère de l'Intérieur n'a provoqué aucune bavure majeure, considérant que la mort des deux adolescents, à Clichy sous Bois, alors qu'ils étaient pourchassés par la police, est de l'ordre du fait-divers. Les "Dernières Nouvelles d'Alsace" du 16 mars 2007 relatent l'exécution d'une personne que le ministère de l'Intérieur a livré à ses bourreaux. Une tragédie qui préfigure ce que serait demain le quotidien d'un ministère de l'Immigration et de l'Identité Nationale. La victime de cete bavure s'appelle Elanchelvan Rajendram, et il était arrivé en France en 2002, fuyant les persécutions dont il était victime au Sri Lanka. Elanchelvan Rajendram n'a pas bénéficié de la même chance que d'autres membres de sa famille déjà réfugiés à Strasbourg. Débouté du droit d'asile en 2003, il a vécu la vie d'un clandestin pendant près de deux années, protégé par la solidarité des associations. La police a fini par l'arrêter, et il a été expulsé vers le Sri Lanka en août 2005. Simone Fluhr, une militante du Collectif d'Accueil pour les solliciteurs d'Asile de Strasbourg (CASAS), était à ses côtés pour tenter d'obtenir une issue positive à ses démarches successives. Le combat en avait fait des amis. Elle l'avait regardé partir la mort dans l'âme, ainsi qu'elle le rappelle au journaliste des Dernière Nouvelles d'Alsace: "Nous voyons passer beaucoup de Sri Lankais d'origine tamoule. Nous savons ce qu'ils endurent. L'oncle d'Elanchelvan installé à Hautepierre a été torturé en détention. Le certificat médical qui décrit les séquelles fait trois pages". Alors qu'elle n'avait plus de nouvelles de son ami, Simone a pourtant eu la surprise de recevoir une carte de voeux d'Elanchelvan, en janvier 2007 décorée de petits coeurs et de roses multicolores. Une joie de courte durée. Simone a appris la mort de'Elanchelvan la semaine dernière. Selon ce qu'elle a pu apprendre, le jeune homme est tombé, le 28 février à l'aube, le corps criblé de six balles. Il a été exécuté par les militaires de l'armée sri-lankaise alors qu'il sortait des toilettes installées dans la cour de sa maison. Elanchelvan était vêtu d'une simple étoffe et désarmé. Il a a expiré dans les bras de sa femme, sous le regard de ses assassins. Personne ne pouvait ignorer qu'il serait en danger au Sri Lanka. Dès qu'il a eu l'information David Balathas, un des amis d'Elanchelvan réfugiés à Strasbourg, a contacté Simone pour la mettre au courant. Dans son magasin de retouches du quartier des Halles, il a du mal à retenir ses larmes. Il fixe une photo de son ami disparu posée sur la table. "Il avait déjà perdu deux frères. Et l'un d'eux était membre des Tigres-tamouls, précise-t-il. Je ne comprends pas pourquoi l'Ofpra ne l'a pas cru". Brisée par cette nouvelle, la famille vient d'envoyer, avec l'aide du Casas, un faire part de décès aux organismes officiels qui ont "traité" le "dossier" d'Elanchelvan l'Ofpra, la Commission de recours des réfugiés, la préfecture du Bas-Rhin, la Police aux frontières, etc. Les militants dont clairs sur leur démarche: "Il ne s'agit pas de les culpabiliser. Mais de rappeler que, dans le cas de personnes victimes de persécutions, l'expulsion peut être synonyme de mort". Elanchelvan venait de fêter ses 30 ans. Il laisse derrière lui son épouse et une petite fille âgée de trois mois ainsi que des parents anéantis par la perte de leur troisième et dernier fils. Une mort qui souligne l'inhumanité des procédures actuelles et qui nous alerte sur l'aggravation que représenterait l'instauration d'un Ministère de l'Immigration et de l'Identité Nationale.
propos repris sur amnistia.net
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