Le Premier ministre ne manque pas de panache lorsqu'il met, certes trop de risque vue l'état de l'opposition, son bail à Matignon en jeu en assurant que "la logique, quand on est battu, cela veut dire qu'on n'a pas le soutien du peuple, on ne peut pas rester au gouvernement: c'est une règle que je m'appliquerai à moi-même puisque j'ai décidé d'être candidat à l'élection législative". De même il assume pleinement son rôle de fusible au service exclusif du président de la République, ce qui est trop rare pour ne pas être noté en assurant : "la présidentialisation, c'est ce que je souhaitais" avant d"ajouter : "c'est une hypocrisie de penser que le président de la République n'est pas engagé dans la politique intérieure. Ce que je souhaite et ce que souhaite Nicolas Sarkozy, c'est qu'il y ait une unité de commandement, qu'il y ait un patron qui aille défendre ces orientations devant l'opinion publique et qui soutienne le gouvernement, le Premier ministre et les ministres". Enfin François Fillon démontre toute à la fois une certaine idée de France et une réelle volonté d'agir en comparant la France à une F1 qu'il faut "conduire au maximum de ses capacités pour qu'elle soit au premier rang de la compétition internationale, en même temps ménager sa mécanique et ne pas sortir de la route".
Celui que ne cache son amour pour le sport automobile, nous gratifie tout de suite d'une belle sortie de piste en confondant vitesse et précipitation "on n'a vraiment pas le temps de réfléchir, on n'a pas le temps d'attendre, on n'a pas le temps de prendre notre temps, il faut aller vite". Cela nous promet de belles réformes, certainement rapides mais probablement mal ficelées. De même, il n'hésite pas à s'asseoir sur le principe de nom cumul entre fonctions ministérielles et exécutifs locaux, règle de bon sens vu la charge de travail que représente un ministère, pourtant mise en œuvre sous Jacques Chirac. Tout aussi grave, alors qu'il se présente comme le chef de la majorité présidentielle pour la campagne des législatives, il fait preuve d'un mépris sans borne pour l'opposition en affirmant que François Hollande s'est livré à "un numéro de comique assez drôle mais qui n'a rien à voir avec l'enjeu de cette élection", avant de conclure que le numéro 1 du PS "est pathétique, ce qu'on attend de lui, c'est qu'il nous dise ce que veut la gauche, le PS, quel est le projet politique du Parti socialiste pour les législatives, ce n'est pas les pitreries auxquelles on a assisté qui visent à moquer les institutions de la République et qui n'ont pas beaucoup de sens". Drôle de conception du rapport de forces en politique, d'autant plus qu'à peine cette diatribe finie, il semble faire un pas vers l'opposition : "nous allons proposer à l'opposition, une fois les législatives passées, un vrai statut: de présider une grande commission, sans doute la commission des Finances, de participer aux nominations d'un certain nombre de hauts fonctionnaires". Une chose est certaine, on ne sait pas sur quel pied danser avec un tel locataire à Matignon… Ne nous trompons pas, les propos visant à déstabiliser la gauche afin de remporter les élections législatives et de dominer l’assemblée nationale puis la France pendant cinq ans. Le Parti Radical de Gauche doit s’engager avec nos amis socialistes et républicains afin de constituer un contre pouvoir indispensable pour l’avenir de notre pays, tous le reste n’est que tergiversations et ne ferait que déstabiliser plus encore nos formations et rendre illisible notre message. |